50 ans après une première exposition de l’artiste José Garcìa Ortega à Bruxelles, la Schleiper Art Gallery accueille une sélection de gravures de l’artiste appartenant à la Collection Claude Jongen.

Nous célébrons cette année le centenaire de la naissance de l’artiste espagnol antifranquiste (Arroba de los Montes, 1921 – Paris, 1990), représentant du réalisme social pendant la guerre civile.

Cet élève et ami de Picasso qu’un long exil a fait voyager en Europe et s’installer plus durablement à Paris et en Italie, a conservé au coeur de son oeuvre l’idée du combat politique et de l’engagement civil. Ses travaux dénoncent les conditions morales et économiques de la classe ouvrière et critiquent les structures du pouvoir qui les sous-tendent.

Deux cycles d’oeuvres sont à découvrir à la galerie.

■ Le premier cycle s’intitule ‘ORTEGA + DÜRER’.
Il date de 1971 et présente une série de 60 oeuvres, réparties en 4 thématiques :
• La jeunesse
• La Conquête
• Mystique
• L’amour
Chacune d’entre elles comprend 12 aquatintes où la ligne blanche délimite le sujet et 3 xylogravures de portraits en couleurs sur papier Arches. Pour cette série, Ortega a plongé ses racines dans le travail du maître germanique, en y insufflant une dimension espagnole. Comme Dürer en son temps, l’artiste ibérique plante son regard dans la réalité politique de son époque, où les grands idéaux côtoient les dérives les plus violentes, et les nobles aspirations, les pulsions destructrices.

■ Le deuxième cycle a pour titre ‘Les Moissonneurs’ (Segadores).
Il date de 1970 et se compose de 20 oeuvres. Ces oeuvres sont des combinaisons originales de techniques sérielles, mêlant
lithographie et taille douce sur linoleum, en couleur sur papier gaufré. L’utilisation de la couleur en larges aplats rehaussés de reliefs décorés différencie cette série de la précédente. Les moissonneurs et leur environnement sont essentialisés par des formes graphiques et géométriques. En les figurant tels des ilôts colorés sur des fonds rythmés et contrastés, Ortega souligne la solitude de ces travailleurs agricoles, recroquevillés sur leurs tâches quotidiennes.

— Hélène Lecocq